Élue dans deux exécutifs présidés par le Maire d’Aix les Bains et le Président de la Communauté d’Agglomération, j’entends parfois certains s’interroger sur le sens que j’accorde à l’adjectif "indépendant" compte tenu de l’ancrage UMP de Dominique DORD.
Pour répondre à la question peut être faut il alors d’abord revenir sur le sens de l’action publique et sur ce qu’est le travail dans un exécutif collégial.
Le sens de l’action publique c’est de gérer la cité, les problématiques de nos concitoyens à l’échelle territoriale du mandat exercé. Etre élu municipal ce n’est pas gesticuler sur les questions de politique nationale, polémiquer. C’est être concret. Dans une commune de la taille d’Aix les Bains, on peut considérer que l’étiquette politique du Maire influe sur le sens de certaines décisions.
Prenons un exemple : Peut être qu’un Maire dit "de gauche" n’aurait pas choisi de lancer une procédure de partenariat public privé pour gérer l’éclairage public. Pour autant des communes de gauche ont aussi choisi cette procédure. Pas si simple donc…
Il faut alors regarder le but recherché : la modernisation du réseau, sa moindre consommation d’énergie, sa performance, sans impact sur la fiscalité. Sans faire du dogmatisme. Idem sur les réflexions engagées sur la vidéo-protection.
Là aussi, le but recherché doit primer sur la connotation des mots. sans tabou ou à priori.
Dans des communes de plus petite taille, la question ne se pose même pas de l’étiquette du Maire, de celle de ses adjoints, de ses conseillers…et pour certains que je connais, je ne doute pas que leur vote puisse parfois être différent selon la nature de l’élection et la personnalité des candidats locaux ou nationaux. D’ailleurs les votes comparés d’élections municipales, législatives, régionales et présidentielles illustrent bien ce rapport de distance et de proximité.
Un exécutif c’est aussi la somme de plusieurs personnes qui se sont présentées ensemble avec des différences et des convergences. Qui ont établi un programme. Chacun en incarnant une facette.
Lors du vote du Programme Local de l’Habitat que j’ai défendu, certaines actions ont donné lieu à des votes contraires de membres de la majorité. Nous partagions l’objectif à atteindre mais pas les moyens. Faudrait il, dans ses conditions claquer la porte, faire la politique de la chaise vide… à l’image de ce qui se passe au Conseil régional ?! S’épancher publiquement. Rejouer la comedia del arte ?
Pour être cité dans la presse quotidienne régionale sûrement. Pour faire avancer les sujets qu’on a à cœur, certainement pas !
Pour travailler ensemble il faut aussi s’être choisis en amont, se connaître, s’accepter, avec ses forces, ses faiblesses, ses limites, ses qualités, ses défauts…et ne pas se découvrir sur le tard comme certaines majorités qui revendiquent plus de pluralité mais qui au fond ne sont que des attelages de circonstance sans objectifs partagés. Et qui se retrouvent vite au bord de l’implosion après les sourires de façade.
D’autant que les échanges dans un exécutif, qu’ils soient collectifs ou en « bilatérales » ne se font pas qu’en Conseil municipal et que les décisions qui sont soumises au vote sont celles qui ont fait l’objet d’un plus large consensus. Il n’est jamais interdit d’en avoir infléchi d’autres…sans effet de manches publics… dans la sérénité d’un bureau.
Par ailleurs, dans la vie publique, comme dans la vie privée, il doit y avoir une règle, celle de l’engagement moral qu’on prend avec les autres. En me présentant sur la liste de Dominique Dord, j’ai tacitement pris l’engagement de travailler avec lui et non contre lui pour la ville d’Aix et ses habitants. A la CALB, je ne travaille pas que pour Aix, je travaille avec mes collègues représentant les 18 communes pour l’ensemble du territoire, sans favoritisme. Mon point de vue n’est pas toujours celui du Maire d’Aix les Bains parce que j’ai été élue vice présidente par l’ensemble des conseillers communautaires pour porter aussi la parole de leurs communes.
Vis à vis de mon positionnement par rapport au Conseil général, Dominique Dord n’en est pas le président et l’engagement que je peux avoir vis à vis de lui s’arrête donc à cette limite.
Une limite qui là non plus n’est pas artificielle. Avec l’ACIS, nous ne nous présentons pas pour proposer la même chose que les autres composantes. Nous portons de vraies différences. Nous avons de vraies ambitions. Pas pour nous. Pour le Département, sa façon d’être géré et les services qu’il doit apporter aux savoyards.
Autant d’éléments qui ne me donnent pas l’impression d’être schizophrène en revendiquant une étiquette centriste dans une équipe conduite par un Maire UMP… Indépendante mais pas sans mémoire ni sans respect. Respectueuse mais sans soumission non plus.
Bref, pas schizophrène… pas binaire non plus !
Ne pas succomber à la tentation des extrêmes, sans pour autant se voiler la face
A la lumière de certains sondages, mais aussi simplement au quotidien, en discutant avec les uns et les autres, on entend de plus en plus parler du Front national. On annonce une vague "bleu marine" en 2012 en prédisant déjà que ces cantonales en seront les prémisses.
Cela doit nous faire réagir ! A plusieurs titres.
Parce que ces élections cantonales sont des élections de proximité où ce sont des candidats locaux qui s’expriment puis qui vous représenteront et non les ténors nationaux. Que leur parcours, leur connaissance des dossiers, leur capacité à les défendre, à se faire entendre… ne sont pas les mêmes…
Parce que ces élections cantonales doivent permettre de faire des choix sur la façon de gérer le Conseil général, de développer ses compétences… et non traduire des préoccupations de politique nationale. Elles s’arbitreront en 2012 et vouloir anticiper les échéances, c’est pervertir des enjeux locaux.
Il y a en effet fort à parier qu’aucun des candidats du Front national qui pourrait être au second tour des cantonales n’arriverait à être élu. En effet, nombreux sont ceux qui sont d’illustres inconnus sur leur canton de parachutage, forment des binômes improbables avec des suppléantes qu’ils avouent ne pas connaître ou qui s’arc-boutent sur des thèmes de campagne, certes porteurs, mais qu’ils dénaturent.
Les choisir ne ferait donc, au final, que conforter des sortants… qu’on veut pourtant sanctionner puisque cela priverait leurs véritables alternatives de représentation au second tour !!!
Le 20 mars, il faut donc faire un choix en toute conscience. Sans céder à la tentation, bien qu’elle puisse être séduisante, de se défouler contre le "système".
Adjointe à la Rénovation urbaine, je suis régulièrement dans les quartiers, côtoie des jeunes issus de l’immigration, comme on dit, qui ne trouvent pas de boulot. Peut être effectivement à cause de leur patronyme. J’en côtoie qui veulent un salaire plus qu’un boulot mais qui mettent leur échec sur le dos de leur patronyme au lieu de revisiter leur attitude. J’en côtoie qui ont réussi nonobstant leur patronyme.
Je côtoie des femmes de toute religion qui ne font pas la loi chez elle et d’autres qui tiennent clairement la maison. Je côtoie des français de souche, comme on dit aussi, qui craignent leur voisin simplement pour sa différence ou, à juste titre, pour son casier judiciaire. Un casier judiciaire sans frontière.
Adjointe au logement, je rencontre les mêmes personnes, en centre ville. Avec les mêmes questions, les mêmes problèmes. Les mêmes craintes.
Alors oui il faut s’interroger sur les raisons qui font que la cohésion sociale se lézarde entre les générations, les communautés, les territoires ; que l’ascenseur social est en panne…mais aussi tenter d’apporter des réponses pragmatiques sans forcément se chercher des boucs émissaires.
Des lois existent. Il faut les appliquer. Ni plus, ni moins. Les appliquer à tous et intégralement. La devise aux frontons de nos mairies "liberté, égalité, fraternité" passe par le respect du droit. Des différents codes qui régissent la vie en société. Sans chercher à légiférer spécialement suite à des faits divers, sur le coup d’émotions savamment entretenues.
Il nous faut peut être aussi nous interroger sur notre modèle dit d’ "égalité des chances" qui nous conduit à prôner la discrimination positive, donc conduit certains à exacerber leurs différences pour être soutenus... ce qui me paraît bien loin des objectifs d’intégration recherchés.
De la même manière, alors qu’on parle de plus en plus de laïcité, il faut revenir aux fondamentaux. En 1905, à l’initiative de parlementaires radicaux, a été votée la loi de séparation de l’église et de l’Etat. Elle exprime que la République est laïque. Séparée de la religion, de toutes les religions et que celles ci sont à cantonner dans la sphère privée.
Chacun est libre de son culte mais l’exerce à titre personnel et les fonds publics ne doivent pas servir à financer des lieux de culte.
Depuis 1905, la" fille aîné de l’église" a changé. Son nombre d’habitants a augmenté.
Aux cotés des cathédrales et des églises sont apparus en plus grand nombre des temples et des synagogues, puis des mosquées qui n’existaient pas en 1905.
Les édifices construits avant la loi de 1905 sont propriété de l’Etat ou des communes. Les nouveaux doivent être construits et entretenus avec l’argent des fidèles des différentes communautés. Parce qu’on peut être athée, agnostique et ne pas souhaiter que l’argent de ses impôts serve à financer un lieu de culte, la République étant laïque.
Relancer le débat sur la laïcité ne doit pas être une façon déguisée de stigmatiser l’Islam. Comme il ne saurait être question de revenir sur la séparation de l’église et de l’Etat.
Pourtant le débat mérite d’être ouvert. Sereinement. Sans arrière pensée.
Tout fidèle d’une religion, quelle qu’elle soit doit pouvoir se recueillir. Chez lui ou dans un lieu collectif, au sein d’une communauté de prière, qui ne saurait être l’espace public.
Alors nous avons le devoir de réfléchir collectivement. Eventuellement d’expérimenter de nouvelles voies.
En Alsace, où la loi de 1905 ne s’applique pas, et où s’applique le Concordat, les prêtres et les rabbins sont considérés comme des fonctionnaires après avoir suivi des cursus de formation reconnus. Des interrogations se font jour pour que l’Islam puisse intégrer ces dispositions du concordat. Pourquoi pas ?
Ou pourquoi ne pas imaginer, comme le propose Alain Minc, une mise entre parenthèses de la loi de 1905, le temps de financer des lieux de culte pour les communautés peu développées en 1905 et ainsi limiter les craintes liées à leur financement par des mouvances extrémistes ?
La société évolue. Nos politiques doivent faire de même. Avec pragmatisme et lucidité.
Ecologiser la politique ou politiser l’écologie ?
Il ne viendrait à l’esprit de personne de jouer au billard avec des boules de pétanque…
De même, s’engager dans des élections en disant qu’on ne fait pas de politique relève de la supercherie et considérer qu’on pourrait en faire sans se conformer à un minimum de règles, d’une grossière erreur.
Alors, de la même manière que Valéry Giscard d’Estaing avait pu indiquer à François Mitterrand qu’il n’avait pas le "monopole du coeur", les écologistes ne sauraient avoir le monopole de la responsabilité environnementale. Ni s’arroger celui de faire de la politique "autrement".
Par contre, il leur manque souvent la lucidité d’élus qui se sont confrontés aux réalités de terrain, aux contingences budgétaires, pour rendre leurs propositions applicables ou simplement audibles par le plus grand nombre.
Ainsi, les écologistes réussissent généralement des scores importants aux élections à la proportionnelle, lorsqu’on se place sur des débats d’idées mais peinent à incarner seuls des politiques locales contextualisées.
Parce que l’écologie n’est pas une fin en soi. Parce que c’est un état d’esprit, un souci des milieux qui se traduit aussi dans l’évolution des politiques portées par les partis politiques traditionnels et des comportements individuels citoyens sans nécessairement être militants.
Chacun d’entre nous a conscience des incidences du changement climatique ; mesure l’opportunité de préserver l’agriculture, et particulièrement une agriculture sans pesticides, sans OGM ; souhaiterait que notre cadre de vie soit préservé des pollutions de tous ordres ; que certaines espèces ne soient plus menacées d’extinction… Pour autant, la prise en compte de ces enjeux doit passer par le cadre plus large de politiques économiques et sociales viables et équitables.
La responsabilité environnementale doit se conjuguer avec la responsabilité économique (équilibre budgétaire, stabilité fiscale…) et sociale (solidarité, équité, justice…), en être une forme de valeur ajoutée. Protéger les espèces, les habitats, les paysages oui. Pour eux mêmes certes mais aussi parce que cela peut être le moteur d’une croissance différente, une source de progrès. Il ne s’agit pas de changer de modèle mais d’y incorporer de nouveaux paramètres.
En cela, le véritable enjeu est bien de proposer un verdissement des politiques sans pour autant avoir recours au vote écologiste. A cet égard, vous trouverez dans notre programme de nombreuses actions qui traduisent notre volonté de prendre en compte le "ménagement" du territoire mais sans pour autant le mettre sous "vert " !
Par ailleurs, après lecture du quotidien local (daté du 10 mars), j’ajouterais volontiers, suite aux propos d’un candidat ("nos idées (…) sont reprises par les autres partis politiques"), que nous ne les avons pas attendus pour les formuler, ou plus insidieux, les leur reprendre !!
A l’image de la proposition de suppression de l’aéroport de Voglans, annoncée ce matin par EELV… et qui est dans mon programme depuis sa diffusion…
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